La campagne AERO-HdF : pour l’étude des aérosols en région Hauts-de-France et la préparation de la mission spatiale 3MI

Article mis en ligne le 29/06/2023

Le projet de campagne AERO-HDF porte sur la réalisation une campagne aéroportée en région Hauts-de-France avec principalement l’imageur-polarimétrique OSIRIS et le photomètre PLASMA (LOA) et les équipements de l’avion français ATR de l’UMS SAFIRE (flux radiatifs et mesures aérosols/gaz/nuages in situ).

Ce projet comporte des aspects techniques sur la préparation de 3MI et une exploitation scientifique des données en lien avec des activités du labex CaPPA. Le projet est financé par le labex et également par le CNES, l’IRePSE et la région HdF (via le CPER ECRIN). Le labex CaPPA vise à étudier les propriétés physico-chimique des aérosols, leurs précurseurs et l’impact radiatif de ces particules à différents niveaux dans l’atmosphère, ainsi que leurs effets potentiels sur les nuages et la qualité de l’air. Des études spécifiques aux objectifs du labex seront menées à partir des données collectées pendant AERO-HDF, telles que l’étude des liens entre propriétés optiques restituées par télédétection et physico-chimiques des aérosols, l’étude de l’effet de l’environnement marin sur l’état de mélange et les propriétés des aérosols de pollution sur Dunkerque, la Manche et en mer du Nord et l’identification des sources de ces particules.

En complément des mesures aéroportées, nous envisageons d’effectuer des mesures complémentaires par prélèvements et par télédétection, en modes fixe et mobile depuis le sol, en partenariat avec plusieurs équipes du labex CaPPA et en collaboration avec d’autres laboratoires français. Nous prévoyons notamment d’utiliser la plateforme aéroportée multi-instrumentée AVIRAD du LISA (coll. P Formenti, CNRS, laboratoire LISA, Univ. Paris VI) à bord de l’ATR-42 afin de réaliser des mesures in situ (optiques et microphysiques) et des prélèvements permettant ensuite une analyse des propriétés physico-chimiques des particules observées. Les prélèvements effectués seront ensuite analysés en laboratoire par différentes équipes impliquées dans le labex CaPPA, en collaboration avec le LISA (voir tableau 2).

L’instrument « phare » de la campagne est un prototype aéroporté (appelé OSIRIS) fabriqué à Lille au LOA de l’instrument spatial européen 3MI de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), qui sera lancé en 2025 pour le compte de l’agence météorologique spatiale européenne (EUMETSAT). Le projet AERO-HdF a donc également des objectifs de validation technologiques et méthodologiques pour la préparation de la mission spatiale 3MI à l’aide de l’instrument OSIRIS. Le projet, dans son ensemble, va permettre d’évaluer une nouvelle méthode d’étalonnage en vol de capteur satellite et une nouvelle méthode de restitution des propriétés des aérosols (algorithme GRASP-chimie), applicable à 3MI. Ces deux méthodes sont développées au laboratoire LOA de l’université de Lille. Elles seront donc testées avant le lancement du satellite 3MI de l’ESA avec les données réelles de l’OSIRIS obtenues en région Hauts-De-France.

Figure 1 (a) l’avion ATR-42 de SAFIRE au hangar à Toulouse-Francazal. (b) Le polarimètre imageur OSIRIS installé avant un vol. (c) Image de type composition colorée obtenue à partir des mesures de luminance acquises par l’instrument OSIRIS. Mesures obtenues dans le sud de la France lors d’un vol effectué le 16 septembre 2022. Taille de l’image OSIRIS : environ 20 par 15 km, résolution du pixel : 20 mètres.

La première partie de la campagne (26 juin – 6 juillet 2023) sera dédiée à l’intégration des instruments sur Toulouse, sur l’avion ATR de SAFIRE. Ensuite, des vols de test seront réalisés dans le sud de la France (10-13 juillet 2023). La campagne en région HdF s’étalera du 17 au 26 juillet inclus et sera basé à l’aéroport de Calais. Il y aura au total 8 vols : un vol EMI, 1 vol à visée technologique en Méditerranée de 2-3 heures, deux vols de 2 heures (transits) entre Toulouse et Calais et 3 ou 4 vols en région HdF de 4h heures chacun environ, pour un nombre d’heures de vol, au total estimé à 21 heures environ. Les vols scientifiques en région HdF vont comprendre des séquences dédiées à la télédétection et d’autres séquences dédiées à la réalisation de mesures in situ et de prélèvements. Des segments de vol de minimum 30 minutes seront réalisées à altitude constante afin de collecter une masse de particules suffisante pour la réalisation des analyses physico-chimiques envisagées. Plusieurs paliers seront réalisés (cf. figure 2 pour un exemple de plan de vols). Les vols combinant mesures de télédétection et mesures par prélèvement vont se concentrer sur la caractérisation des panaches urbains anthropiques lillois et dunkerquois et également sur l’étude de la couche marine sur la mer du Nord et sur la Manche.

Figure 2 (a) Exemple d’un plan de vol prévu pour AERO-HdF. Des passages à hautes latitudes (6 km) seront réalisés pour la télédétection ainsi que des profils (descentes en boucle). Des portions de plans de vols particulières sont aussi envisagées pour la réalisation des prélèvements (en rouge sur les deux figures a et b). Ces mesures nécessitent des plans de vol particuliers afin d’échantillonner une même masse d’air à différents niveaux dans l’atmosphère ; (a) description verticale pour la section dédiée aux prélèvements et (b) plan du vol. Vitesse de l’avion ATR-42 de l’unité SAFIRE : 100 m.s-1. Durée du vol : 4h30 environ.
Vol Lieu et objectifs Remarques
Vol 1 (2h) Méditerranée (ou Atlantique) Vol test / évaluation d’une méthode d’étalonnage dans le glitter
Vol 2 (2,3 h) Transit Toulouse/Calais Télédétection à haute altitude/survol de la France
Vol 3 (4,5h) Panache lillois In situ + télédétection
Vol 4 (4,5h) Panache Dunkerquois + mer du Nord In situ + télédétection
Vol 5 (4,5h) En fonction des opportunités et des conditions météorologiques :
  • Étude des émissions des bateaux et des aérosols présents sur la Manche
  • Étude de l’effet de l’environnement marin sur les aérosols de pollution entre Calais et Dunkerque
  • Panache lillois (de nuit)
In situ + télédétection
Vol 6 (2,3h) Transit retour Calais/Toulouse Télédétection à haute altitude /survol de la France
Tableau 1 Résumé des différents vols prévus pour AERO-HDF
Organisme/laboratoire Instruments/données/méthodes ou techniques Scientifique(s) impliqué(s)
LOA, Villeneuve d’Ascq Restitution des propriétés des aérosols, des nuages et des surfaces par télédétection. : Radiomètres aéroportés pour l’étude des aérosols (OSIRIS/3MI-like, PLASMA, MICROPOL-UV), site instrumenté ATOLL du LOA, déploiement de la voiture instrumenté du labex Cappa (lidar + photomètre + mesures in situ sur voiture). F. Waquet + nombreux collaborateurs LOA
Unité SAFIRE/Toulouse Instrumentation aéroportée/logistique
Instruments de mesures in situ UHSAS (distribution en taille des aérosols) + CDP, placés sous les ailes de l’avion.
Instruments de mesures de la phase gaz (SO2, CO et O3, NOx, CH4)
Mesures de flux + sondes météo.
Unité SAFIRE
LISA, Paris/Créteil Intégration et déploiement de l’instrument aéroporté AVIRAD et analyse des prélèvements réalisés (Analyse globale envisagée : composition chimique des espèces organiques et inorganiques et concentration massiques associées)
Composition élémentaire : par spectrométrie (« Wavelenght–dispersive X-ray fluorescence ») Composition ionique par chromatochraphie.
Mesures in situ aéroportées : coefficients d’extinction et de diffusion et distribution en taille des particules collectées.
Paola Formenti + collègues du LISA
LPCA, Dunkerque Mesures avec un lidar au sol. Étude des prélèvements réalisés avec AVIRAD en laboratoire.
Analyse individuelle de particules au niveau élémentaire :
Analyse automatisée conduisant à des statistiques sur la composition élémentaire des particules, leur morphologie et leur état de mélange
Étude de l’effet de la brise de mer sur l’état de mélange et les propriétés hygroscopiques des aérosols.
Karine Deboudt
LASIRE, Villeneuve d’Ascq Analyse physico-chimique des prélèvements d’AVIRAD en laboratoire, observation par microscopie électronique en microscopie Raman et de fluorescence. Analyse individuelle de particules au niveau moléculaire
Morphologie, composition, nature des composés hydrophiles
Marie Choël
AERIS-ICARE, Villeneuve d’Ascq Archivage des données / préparation 3MI AERIS-ICARE
SAGE/IMT, Douai Mesures in situ au sol. Spectromètre de masse pour la composition chimique. Station ATOLL de Villeneuve d’Ascq Véronique Riffault
Tableau 2 Liste des laboratoires et des unités impliqués dans le projet et contributions associés en termes d’instruments ou d’analyse